Témoignage : Issa, 17 ans

Issa* est arrivé à Rosmerta en février 2020. Il a fui la Guinée ou son avenir semblait trop sombre.

Issa, 17ans, portrait, mineur isolé, migrant, Guinée

Je m’appelle Issa. Je suis né à Conakry, en Guinée, en 2003.

Je suis d’origine Guinéenne majoritaire, mon papa est d’origine Guinéenne et ma maman aussi. Je suis un habitant de Rosmerta.

Je suis parti pour des raisons familiales, mon père a abandonné ma mère lorsque j’étais tout petit, ma mère a dû élever ses 3 enfants, cela a été très difficile. Je suis le seul a être à la maison, j’ai pu aller a l’école jusqu’en 6eme.

Quand je retrace mon parcours, je me dis que si je n’avais pas été à Rosmerta au bon moment, je n’aurais jamais pu changer certaines choses dans ma vie.

Je suis arrivé en France le 10 février 2020 et j’ai été refusé par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) de Vaucluse qui a mis en cause ma minorité sans réelle évaluation car je n’avais pas de papiers d’identité originaux. J’ai été accueilli à Rosmerta mais avec le confinement, je n’ai été scolarisé qu’en septembre 2020. J’ai été orienté vers une seconde professionnelle en travaux publics au lycée Domaine d’Eguilles à Vedène. A partir de là, ma vie, elle a complètement changé.

Quand je suis arrivé à Rosmerta, c’était dur. Mais le plus dur, c’est quand tu débarques à Rosmerta, la seule chose que l’on peut te dire c’est « vous n’allez pas être encore à la rue mais vous êtes en irrégularité. C’est très grave. ».

Rosmerta est là pour nous apporter un maximum de soutien

J’ai connu la rue, La rue m’a déchiré le cœur. Elle m’a affaibli. J’ai connu le froid, la faim, et la honte aussi. Honte de mon apparence, de devoir manger dans les poubelles. Honte du regard que les autres portaient sur moi.
Deux choix s’offraient à moi :

  • le premier était d’accepter la réalité et d’affronter cette situation
  • le deuxième, beaucoup plus naïf, était d’attendre que quelqu’un vienne me sauver.

Et vous savez quoi ? J’ai choisi la deuxième option. J’ai choisi de rêver et j’ai failli en mourir.

La reconstruction

Ce qui me fait réellement peur c’est la solitude. Ca me fait peur d’être seul. Pendant une très longue période de ma vie j’ai vécu seul, sans mes parents. J’avais peur vers qui me tourner. Je ne savais plus où aller, je ne savais plus où me diriger. Je sais ce qu’est la souffrance. Je sais ce qu’est d’être orphelin. Et depuis que je suis arrivé à Rosmerta, j’ai appris au plus profond de moi-même à aimer mes proches, à passer du temps avec eux, à les chérir au maximum et surtout a essayer de les conserver au maximum auprès de moi.

Aujourd’hui, c’est difficile pour moi de parler devant vous. S’ouvrir face aux autres, c’est beaucoup plus difficile et beaucoup plus compliqué. Pour un enfant qui n’a pas vécu avec ses parents, parler d’une peur, ca la fait ressentir encore plus. La peur, c’est quelque chose qui me touche profondément. Aujourd’hui je m’en plains un peu moins parce que j’estime que je suis plutôt bien entouré par des gens biens, formidables et exceptionnels.

Aujourd’hui, je suis là grâce à Rosmerta. Je me suis reconstruit. Et maintenant, comme tous les autres habitants de Rosmerta, je peux repartir à zéro. Ca fait 1 an et demi… j’ai l’impression que c’était hier. Moi je suis dans un élan où j’ai envie de rassembler les gens. J’ai découvert que j’étais capable de toucher les gens.

Rosmerta est là pour nous apporter un maximum de soutien, pour la santé, l’école, la régularisation de nos papiers. Rosmerta nous soutient mais soutient aussi les jeunes de l’ASE.

A Rosmerta, notre devise c’est : « Liberté, Egalité, Fraternité et Solidarité!!! » Vive Rosmerta !

*par souci de confidentialité, le prénom et la photo ont été modifiés.