Un “ABC” pour Rosmerta

Proposé par Françoise, bénévole (commission scolarité)

A Rosmerta, habitants et bénévoles travaillent souvent avec l’alphabet. Cet « ABC » est une contribution à l’activité de l’association par une bénévole, une façon d’aborder le moment actuel. Chacun peut aussi écrire son alphabet, ou seulement quelques lettres.

A : accueil. Rosmerta accueille des familles avec enfants et des jeunes, mineurs, qui ne sont pas pris en charge par les services départementaux de l’ASE. Notre principe est : « les enfants, on les accueille, on les protège ! On ne les laisse pas à la rue ! »

B : bénévoles. Ici, il y a les habitants, qui sont accueillis, et avec eux les bénévoles. Est bénévole qui veut, qui peut donner un peu de son temps, de ses compétences, de ses idées ; la vie du lieu Rosmerta est assurée par les habitants et les bénévoles. B : boulanger. En janvier 2021, un boulanger de Besançon, Stéphane Ravacley, a lancé une pétition et mené une courageuse grève de la faim pour la régularisation de son apprenti, Laye, un jeune homme guinéen ; il a créé un groupe Facebook  avec d’autres patrons solidaires.

C : Conseil Départemental ; dans ce département, comme dans de nombreux autres malheureusement, le principe de présomption et de reconnaissance de minorité n’est pas respecté par l’institution ; des jeunes mineurs, parce qu’étrangers, ne sont pas mis à l’abri quand ils se présentent. C : confiance. On fabrique à l’association Rosmerta des rapports de confiance ; c’est un travail, cela prend du temps, et c’est source de force. C : choix. Jeunes arrivants, Avignonnais ou Vauclusiens de longue ou de fraîche date, nous faisons des choix. Un jeune qui vit ici choisit ainsi de respecter les règles de vie du lieu, il n’est pas un « assisté » ; un ou une bénévole qui vient ici a fait choix de mettre ses principes en actes.

D : « délinquants », « délinquance » ; ce sont les mots lancés dans les campagnes attaquant les jeunes étrangers qui vivent seuls en France en les désignant comme « délinquants » et en désignant ceux qui les accueillent et les accompagnent comme des délinquants voire des trafiquants. Depuis l’automne 2020 ces campagnes médiatiques mensongères se sont multipliées, tant de la part du gouvernement que de partis politiques, le Rassemblement National en tête. Elles visent à organiser les gens autour de l’idée qu’il faut exclure ces jeunes de tout droit. D : droit. Nous sommes pour le droit de toute personne qui vit en France à y vivre dignement, pour le droit des jeunes nouveaux arrivants à aller à l’école, à se former, à trouver leur place ici. Pour le droit à l’hospitalité tel que des milliers de gens, de la vallée de la Roya à Avignon, de Paris à Calais, de Toulouse à Besançon, le pratiquent.

E : école. L’école est obligatoire en France. Tout enfant ou jeune de moins de 16 ans doit être scolarisé, et les jeunes de 16 à 18 ans doivent pouvoir poursuivre leurs études. Le désir d’école des jeunes qui arrivent ici doit être respecté.

F : le français, la langue française. Pour vivre dans un pays, il faut parler, et écrire si possible, sa langue. A Rosmerta, des étudiants, des retraités, d’autres personnes, font avec les habitants, jeunes et familles, l’apprentissage de la langue française.

G : garçons et filles. Ce sont les jeunes qui sont accueillis par l’association, dans l’immeuble en centre-ville d’Avignon, et dans des familles d’accueil.

H : hospitalité. Oui, nous revendiquons le principe d’hospitalité ; le droit à l’hospitalité doit être respecté et non criminalisé.

I : inquiétude, insécurité, intranquillité. C’est ce que vivent beaucoup de jeunes en France, particulièrement depuis le début de l’épidémie de Covid. Et plus particulièrement encore des jeunes qui ont quitté leur pays, arrivent seuls en France, et se heurtent au refus d’accueil des autorités.

J : jeunes. Nous disons : « un jeune est avant tout un jeune » exclure du droit des jeunes étrangers parce qu’étrangers est indigne. J : joies partagées. On affronte ici ensemble  les tâches ménagères, cuisine, ménage,  les soucis, les mauvaises nouvelles, mais aussi on partage les joies, la reconnaissance de minorité d’un tel par le juge, la carte de séjour, d’un autre, le diplôme d’un tel, un anniversaire ou une soirée de musique.

K : karité, beurre de karité ! Le beurre de karité est devenu une marchandise qui circule d’Afrique vers nos rayons de shampoing et de produits pour la peau. Le monde d’aujourd’hui, c’est aussi les gens qui se déplacent, vont tenter leur chance dans d’autres pays. Les jeunes arrivants ont leur place ici.

L : liberté. Ma liberté, c’est aussi de me tenir aux côtés de ceux qui sont en danger si on les laisse seuls dans la rue.

M : maison. Rosmerta, c’est une maison d’accueil. Il est bien que de telles maisons existent. M : maltraitance. Il n’y a pas lieu de s’habituer à ce qu’autrui soit maltraité par les autorités étatiques

N : NON ! Chacun a la possibilité de dire NON ! aux pratiques indignes à l’égard des enfants et des jeunes étrangers isolés. Dire : PAS EN MON NOM !

O : oser. Oser parler publiquement, comme l’a fait le boulanger de Besançon, comme l’ont fait des dizaines d’employeurs dont les apprentis étaient ou sont encore menacés d’OQTF (obligation de quitter le territoire français), des professeurs, des camarades de classe, des familles d’accueil.

P : P.A.F, police aux frontières. Comment qualifie-t-on un pays où des services de l’ASE chargent la police aux frontières de remettre en cause des documents administratifs d’un mineur qui ont déjà été validés par un juge du pays ? P : protéger. Oui, nous le faisons, nous continuerons à le faire.

Q : question. On peut dire que la situation des jeunes étrangers isolés est devenue une question nationale.

R : Rassemblement national, qui n’a de « national » que le nom. Ce parti nationaliste xénophobe, veut organiser autour de lui ceux qui veulent que des parts entières de la population soient exclues du droit, soient pourchassées maltraitées. Il fait des coups, il veut conquérir le pouvoir. R : responsabilité. Ce qu’il advient de la jeunesse est un responsabilité pour les adultes ; ce qu’il est commis contre les étrangers vivant en France est une responsabilité pour tous.

S : silence. Voir à la lettre O. Le pouvoir a besoin du silence. Sortir du silence est possible, c’est une décision que chacun peut prendre.

T : temps, notre temps. Nous vivons dans des temps incertains. Raison de plus pour mettre en pratique de bons principes.

U : université. A Avignon, l’université est à 500m de Rosmerta ; des étudiants, des professeurs, viennent donner ici de leur temps. Saluons-les !

V : volonté – la prise en charge et l’accueil des mineurs et jeunes majeurs qui vivent ici sans leur famille n’est pas avant tout une question de moyens financiers, mais une question de volonté. Cette volonté n’existe plus au niveau de l’Etat. Des particuliers, dans tout le pays, des associations, comme Rosmerta, ont cette volonté. Le travail effectué à Rosmerta prouve tout ce qui est possible.

 V : vigilance. En particulier face aux attaques présentes et à venir contre les plus précaires.

W : week-end. Durant la période du Festival d’Avignon, une buvette sera tenue le week-end à Rosmerta. Que les gens y viennent nombreux !

X : xénophobe. C’est l’idéologie revendiquée par le Rassemblement national, et largement reprise par les partis qui candidatent au pouvoir d’Etat.

Y : « Yes, I can ! ». Ceci pour dire que les possibles dépendent d’abord de nous, même si la conjoncture est mauvaise.

Z : « Zou ! » la carte de transport de la région Provence Côte d’Azur ; tous ici la connaissent. Et disons « Zou ! Longue vie à Rosmerta ! »

14 juin 2021