26/04/19 Communiqué de presse

Le jeudi 19 Avril, 3 familles et 6 jeunes accueillis au 7 rue Pasteur par l’association Rosmerta étaient convoqués par les services de la préfecture, dans les locaux du SIAO d’Avignon, en vue d’une proposition de relogement.

Pour les jeunes, la proposition a vite avorté. En effet, après avoir à nouveau remis en doute leur minorité,  la représentante de la préfecture a confirmé que s’ils avaient effectivement moins de 18 ans, seuls les services départementaux étaient compétents pour assurer leur protection.

Les familles convoquées sont :

  • un couple dont une femme enceinte de 5 mois, grossesse diagnostiquée ”à risque”, en procédure de demande d’asile (procédure « Dublin »),
  • un couple avec une jeune enfant de 15 mois, débouté du droit d’asile, ayant introduit un recours contre une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), et sollicitant un réexamen de  sa demande
  • un couple dont une femme enceinte de 8 mois et demi avec un jeune enfant de 16 mois, dans la même situation que le couple précédent.

Après avoir rappelé le caractère illégal de la situation de Rosmerta et brandi la menace d’une expulsion prochaine, des propositions de relogement leur ont été faites : une prise en charge en appartement pour le couple de demandeur d’asile et 15 jours en ”hôtel” pour les deux autres familles.

Il a été rappelé au premier couple qu’en cas de refus, l’allocation de demandeur d’asile serait supprimée. Ce qui n’est que l’application des textes.

Les deux autres familles se sont vu signifier une menace à savoir qu’en cas de refus, plus aucune proposition d’hébergement ne leur serait faite.

Ces familles ont sollicité un délai de réflexion et ont été enjoints de rappeler à 15h pour donner leur réponse.

En concertation avec les bénévoles de Rosmerta, elles ont  accepté ces propositions et ce, malgré l’angoisse générée par le fait de quitter aussi précipitamment un lieu dans lequel ils se sentaient chez eux et accompagnés, pour une ”solution” qui semble, au moins pour deux des familles, très précaires.

Après avoir pris attache avec le 115, comme convenu à 15 heures, les familles se sont vues fixer des rendez-vous à 17h et 18h. A peine deux heures pour faire un petit sac, pas le temps de rassembler toutes leurs affaires. Les enfants ne comprennent pas ce qui se passe, les femmes enceintes sont épuisées, beaucoup de stress pour tout le monde. Les rendez-vous sont éloignés du centre ville, des bénévoles les accompagnent en voitures. Il nous semble indécent de demander à deux femmes enceintes dont l’une accouche dans moins de 3 semaines, de marcher à travers tout Avignon.

Nous avons la surprise de constater que la proposition d’une prise en charge en hôtel est, en fait, un hébergement en CAO. Toutefois, le délai de 15 jours leur a bien été confirmé.

L’autre couple est, quant à lui,  placé dans un appartement très éloigné du centre ville, au sein d’un dispositif d’accueil d’urgence ne correspondant pas à leur situation de demandeur d’asile. Il leur a été précisé qu’aucun suivi médical ou accompagnement à l’hôpital ne serait fait, bien que de nombreux rendez-vous soient, déjà, programmés pour la femme dont la grossesse est particulièrement surveillée. Ils sont tenus de rappeler 2 fois par semaine le 115 pour se voir confirmer la prolongation de leur séjour dans cet appartement.

Si nous reconnaissons une certaine volonté d’action de la part de la préfecture, nous ne pouvons que déplorer et dénoncer la précarité des solutions proposées. Que vont faire ces familles dans 15 jours ? Pourquoi le couple demandeur d’asile n’est-il pas pris en charge dans un hébergement d’urgence pour demandeur d’asile, conformément aux textes législatifs et réglementaires ? Pourquoi une telle précipitation dans le placement des familles qui est source de beaucoup d’angoisse alors qu’une transition de Rosmerta vers un dispositif adapté pouvait s’effectuer faire sereinement, en quelques jours, comme cela fut, déjà, le cas pour 3 familles.

Nous constatons le déni dans lequel s’installe la Préfecture en refusant d’admettre le manque crucial d’hébergements pour demandeur d’asile. Ce constat est partagé, au niveau national, par l’ensemble des associations oeuvrant pour l’aide aux demandeurs d’asile. Elle nie, également, les chemins tortueux, les portes closes, les lits à-même le sol, les nuits d’errance de ces familles.

De la même manière, elle refuse de reconnaître la qualité de l’accueil proposé par Rosmerta grâce à la mobilisation de centaines de bénévoles.

Nous demandons à ce que l’Etat s’engage sur des accompagnements plus pérennes et prenne en compte la situation dramatique dans laquelle se trouvent les familles exilées.

Nous réitérons notre demande de rendez-vous en présence des représentants de la préfecture, du conseil départemental, du SIAO, de Madame le Maire d’Avignon, du député de la 1ère circonscription et du diocèse pour évoquer la situation de ces familles et de ces jeunes ainsi que pour travailler à l’élaboration d’un plan pour l’avenir qui prenne en compte la dignité humaine dans un projet global de société.

Nous souhaitons que cette rencontre soit publique.

Depuis le 21 décembre 2018, l’association ROSMERTA n’a fait que de substituer à des institutions défaillantes en n’ayant qu’un seul but : respecter l’hébergement et la protection de l’enfance comme droits inconditionnels et constitutionnels.

Toute action à l’encontre des accueillis de ROSMERTA et de ses bénévoles ne pourra, dès lors, qu’être considérée comme contraire aux valeurs et à la devise de la République.

NB : Malgré le départ (peut-être temporaire) de ces familles, 30 personnes sont encore hébergées au 7 rue Pasteur.