En réponse au communiqué de presse de la Cour du Barouf – Académie Internationale Des Arts du Spectacle, mais surtout pour clarifier notre positionnement :
Nous, collectif Rosmerta, comprenons parfaitement les craintes des membres de la Cour du Barouf quant aux risques pesant sur leur participation au festival Off d’Avignon, et nous les partageons.
Nous sommes entrés non pas par effraction mais en poussant une porte ouverte dans les bâtiments vides appartenant au diocèse du 7 et 7 bis rue Pasteur d’Avignon.
Dès le 21 décembre 2018, avec l’ouverture des lieux au public et l’accueil des familles et adolescents sans abris, nous avons rendu public notre volonté de coopération avec toutes les personnes et structures concernées de près ou de loin par l’avenir de ce bâtiment.
Dès la première semaine de janvier nous avons rencontré M.Boso et le directeur technique de la cour du Barouf.
Nous leur avons fait part de notre volonté de construire ensemble une charte de co-habitation afin que le festival se déroule dans des conditions acceptables pour les compagnies et leur publics mais aussi les enfants, adolescents et adultes hébergés par Rosmerta.
Nous avons, dès ce moment, partagé nos inquiétudes : la commission de sécurité acceptera-t-elle une telle co-habitation ? Si non, la cour du Barouf a-t-elle un lieu alternatif à envisager ?
Nous notons qu’a ce moment il aurait pu paraître pertinent pour la cour du Barouf de se retourner, et de peser le sort des 80 statuts d’intermittents dans la balance.
Si M.Boso et M.Bertrand (président de la cour du Barouf) avaient dès ce moment accepté de discuter avec les différentes institutions et Rosmerta ou bien s’ils avaient envisagé dès le mois de janvier une solution alternative, les compagnies et les intermittents qui y travaillent ne seraient pas dans cette situation d’urgence au mois d’avril.
Pourtant, malgré nos relances, le dialogue est resté au point mort. Une lettre ne faisant pas mention de nos échanges a été envoyée par les directeurs de la cour du Barouf à Monsieur le préfet. C’était pour nous un premier coup bas, alors que nous pensions pourvoir échanger en confiance.
Nous n’avons ensuite eu, malgré nos mails et nos relances, que peu de contacts avec le personnel de la Cour du Barouf jusqu’à l’envoi de leur part d’un ‘’règlement intérieur’’ sous forme d’injonction qui ne semblait ouvrir aucune discussion.
Ensuite, le 5 avril, M.Boso et M.Bertrand accompagnés d’une troisième personne (qui n’a pas voulu dire son nom, et au rôle un peu flou), sont venus nous rencontrer à Rosmerta. Cet échange a été pour nous peu constructif et coloré d’agressivité.
Si M. Boso semblait vouloir continuer l’échange et trouver des terrains d’entente, M. Bertrand lui ne voyait pas l’intérêt de parler à des « squatteur ». Pour lui, pas d’alternative envisagé, que les habitant.e.s quittent les lieux pour laisser place nette à la Cour du Barouf!
Nous avions pourtant commencé à travailler sur une contre proposition a leur règlement intérieur. Suite à cet échange, nous sommes restés sur nos position d’ouverture et de dialogue et avons renvoyé une proposition de convention de co-habitation basée sur la première proposition de ‘’règlement intérieur’’.
Nous avons ensuite appris, par voies détournées, que M. Bertrand avait choisi de ne pas faire le festival. Et ce, sans que nous n’ayons été officiellement tenus au courant. Puis M. Boso nous a demandé, au cours du week-end de Pâque, de fournir une attestation affirmant que si toutes les personnes accueillies par Rosmerta étaient relogée de façon décente, avec un accompagnement digne et adapté pour chacun des cas, nous quitterions les lieux.
C’est la base de nos demandes, alors il nous a été évident de lui fournir rapidement cette attestation et y avons renouvelé notre volonté, en cas de non relogement décent des personnes, de tout faire pour pouvoir co-habiter avec la Cour du Barouf durant son festival.
Comme dit dans le communiqué de M.Boso, de nombreux intermittents du spectacles sont actifs au sein de l’association Rosmerta. Nous sommes parfaitement au courant et sensibles aux problématiques soulevées par une éventuelle annulation de la participation de la Cour du Barouf au festival Off d’Avignon.
En revanche, nous sommes également confrontés au quotidien à la détresse des jeunes et des familles accompagnées par Rosmerta. Nous savons, malgré les mensonges propagés par le diocèse et la préfecture, que ces personnes adultes et enfants, n’ont pas, actuellement, de solutions pérennes d’hébergement et d’accompagnement en dehors de Rosmerta.
Nous devons toutes les semaines refuser de nouveaux accueils de familles et de jeunes par manque de place.
Le problème de l’accueil des personnes en situation de migration, mineurs isolés considérés à tort comme majeurs par l’aide sociale à l’enfance et familles déboutées du droit d’asile ou en début de parcours de demande d’asile est un problème structurel à l’échelle de la France. Aujourd’hui tous les réseaux militants et solidaires sont saturés partout dans le pays et la plupart des foyers et structures officielles sont également saturés.
Au chantage constant que nous fait la Cour du Barouf sur le droit au travail, il nous est difficile de ne nous retenir à lui opposer le droit à la vie dans la dignité. Et, sans ironie, nous soutenons son appel à l’ensemble des programmateurs des lieux de spectacle de la Ville et du festival afin qu’ils puissent accueillir les compagnies programmées au Barouf si la commission de sécurité ne lui permet pas d’ouvrir.
Nous ré-affirmons notre volonté de tout faire pour que la Cour du Barouf puisse ouvrir au sein du 7 et 7bis rue Pasteur pour le festival Off d’Avignon, mais nous réaffirmons que nous mettrons en priorité la protection, la mise à l’abri et l’accompagnement des mineurs avec ou sans parents en situation de fragilités et abandonnés par les pouvoirs publics.
L’association Rosmerta